« Il faut changer le regard des médias et des clients sur le centre-ville de Marseille. On veut entendre parler des bonnes initiatives mises en place plutôt que des rideaux baissées et de la saleté », encourage Caroline Baron, co-fondatrice de l’association Commerces positifs avec Marie-Pierre Cartier. Mardi 10 avril, les commerçants marseillais ont tenu une conférence de presse au siège de la Société marseillaise de crédit pour redorer l’image du centre-ville de la deuxième métropole de France. Pourtant, la réalité du terrain est tenace. Symbole du problème, la rue Saint-Férréol, artère historique du shopping marseillais a vu nombre de ses locomotives déserter : Galeries Lafayettes, Adidas, Marionnaud… « Il faut être positif mais on ne peut nier les problèmes persistants dans tout le département et à Marseille », avoue Audrey Lucchinacci, la présidente de la fédération commerce en 13. Stationnement difficile, ramassage des déchets, concurrence des grands centres-commerciaux… les commerces de centre-villes doivent trouver de nouvelles solutions pour attirer les clients. Pour s’inspirer, Commerce en 13 a invité pendant deux jours, les 9 et 10 avril, les représentants des associations de commerçants de Montpellier, Toulouse et Bordeaux à visiter Marseille. L’occasion pour eux de comparer les problématiques de leurs villes respectives et de partager les bonnes pratiques.
A Bordeaux et Toulouse, les commerçants sont mieux organisés
Après avoir arpenter les grandes artères de la ville, un premier constat surprenant de la bouche de Philippe Léon, président de la fédération des artisans, commerçants et professionnels de Toulouse : « Marseille est plus propre que ma ville », assure-t-il. Son collègue bordelais semble partager son avis et avance une raison à cette différence : « Vous avez confié au privé le nettoyage du centre-ville avec des obligations de résultats. Un appel d’offres est en cours à Bordeaux sur la même base », explique Christian Baulme, le président de la ronde des quartiers de Bordeaux. Par contre, les visiteurs relèvent l’absence d’un vrai parcours commerçant à Marseille avec une signalétique insuffisante. Les commerçants bordelais ont également crée leur propre entreprise afin de financer leurs projets : « On est reconnu comme un lobby efficace face aux politiques », affirme Christian Baulme. A Toulouse, une seule fédération regroupe également toutes les associations de commerçants contrairement à Marseille où elles sont multiples. « Le ramassage des cartons, un gros problèmes chez nous, est géré par les commerçants toulousains eux-mêmes qui ont leur propre camion électrique financé par Veolia et l’Ademe », note Audrey Lucchinacci qui a présenté cet exemple à Monique Cordier, la vice-présidente en charge de la propreté à la Métropole : « Comme ça, les politiques ne peuvent plus nous dire que rien n’est possible », ajoute-t-elle.
Taxer les locaux vides et favoriser le stationnement gratuit
Patrick Vignal, président de l’association nationale Centre-ville en mouvement et député LREM de l’Hérault, attaque de son côté la prolifération des centres commerciaux : « Plus d’un million de mètres carrés supplémentaires ont été votés en France l’an dernier. On est en train de ‘disneyiser‘ nos villes », dénonce-t-il. Avec Claire Pitollat, député LREM de la 2e circonscription des Bouches-du-Rhône, il prépare un rapport sur le sujet à rendre d’ici la fin de l’année au ministre de la cohésion des territoires, Jacques Mézard. Parmi les pistes explorées, il propose de mettre en place une fiscalité avantageuse et de taxer les locaux vides sur des zones prioritaires. « Certains promoteurs refusent de libérer les locaux. On doit trouver des moyens de faire pression sur eux comme en bloquant d’autres projets qu’ils voudraient voir aboutir sur le territoire. Tout est possible », insiste-t-il. Sur le stationnement gratuit dans le centre-ville marseillais, il s’étonne également de la limite fixée à 20 minutes maximum sur les places réservées. Il incite la mairie à suivre Bordeaux et Toulouse en passant à 30 minutes pour les commerces de proximité comme les épiceries et les boulangeries et à 1h30 pour les autres commerces. « Marseille a tous les atouts pour réussir. Il manque juste une volonté politique », avance-t-il. A l’issue de ces deux journées d’échanges, les associations de commerçants marseillais et des autres villes ont pris l’engagement d’organiser deux fois par an des rencontres similaires pour travailler sur le sujet avec une dizaine d’autres métropoles françaises. Le début d’un nouveau partenariat pour faire bouger les choses.
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