Entre garrigue, piton rocheux et gorges calcaires, à deux pas de la Zac du Tourillon et non loin de la gare TGV d’Aix-en-Provence se trouve un lieu qui sera bientôt foulé par des étudiants et créateurs d’entreprises venus du monde entier. C’est là, sous les pins de l’Arbois, avec une vue imprenable sur la montagne Sainte-Victoire, que Frédéric Chevalier a décidé d’installer The Camp, un campus numérique dernière génération à faire pâlir d’envie Google, Yahoo et autres grands noms de la Sillicon Valley. Quant à Xavier Niel et son école parisienne 42, ils n’ont qu’à bien se tenir. Entrepreneur déterminé, ancien président du Top 20 , club et communicant hors pair, Frédéric Chevalier voit grand. Sur ces terres qu’il connaît bien puisqu’il y a installé en 1990, les locaux de HighCo – groupe de référence proposant des solutions marketing pour la grande distribution, dont il est le fondateur – il imagine un incubateur unique sur le territoire, qui pourrait offrir à la métropole d’Aix-Marseille-Provence un rayonnement international. « L’objectif est clair : devenir un référent à l’échelle mondiale », affirme Maxime Claude, architecte et directeur du projet.
Un espace confiné pour créer plus vite
L’idée ? Accueillir environ 300 étudiants et chercheurs triés sur le volet, porteurs de projets innovants dans le domaine des nouvelles technologies, pour un laps de temps très court allant de trois mois à un an. « En gros, on les enferme ici et ils ne ressortent pas jusqu’à ce qu’ils aient lancé leur start-up », plaisante Corinne Vezzoni, l’architecte marseillaise à qui a été confié le bâti. Tout a en effet été pensé pour proposer à ces génies du numérique un environnement « le plus confortable et le plus agréable possible, qui les mette dans une situation absolument idéale pour créer ». Séparés de la Zac voisine par une barrière de bâtiments abritant logements et services de restauration, les étudiants auront ensuite accès à tout, directement sur site : logement, food trucks, activités sportives, terrain de pétanque, voitures électriques à disposition… pas question de sortir.
À quoi ressemblera le campus numérique d’Aix-en-Provence ?
Regardez notre vidéo :
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Quant aux conférences, réunions, cours et autres activités, elles se dérouleront sous une immense toile blanche de 8 000 m²re, sorte de cloche géante venant protéger les travaux réalisés du monde extérieur. « Nous avons voulu conserver cette idée d’incubateur, explique Corinne Vezzoni. Un lieu confiné, protégé qui permet à des oeufs ou des bactéries de se développer plus rapidement. » Sous l’immense toile qui laissera filtrer la lumière se cachent d’énormes cylindres de près de 200 m² chacun, « tantôt opaques, tantôt transparents et qui accueilleront enseignement, recherche ou restauration ». Entre chaque cylindre, la nature reprend ses droits. Car c’est là la principale préoccupation de l’architecte en charge de la conception du projet. « Nous voulons venir nous poser de la manière la plus délicate possible sur cet espace naturel incroyable. Et nous prenons le pari qu’à Aix, l’espace extérieur, peut être viable toute l’année s’il est bien protégé du mistral. »
20 millions d’euros, le prix de l’innovation
[pullquote]« Que Frédéric Chevalier décide de rester dans sa région natale pour lui donner un rayonnement international, c’est remarquable », estime l’architecte Corinne Vezzoni.[/pullquote]
S’il fallait choisir un mot pour résumer l’ambition de Frédéric Chevalier et de Corinne Vezzoni, ce serait l’ouverture. D’esprit d’abord, puisque contrairement au système éducatif classique qui sépare les étudiants en fonction de la matière étudiée, The Camp cherche à ouvrir l’espace pour que les développeurs puissent côtoyer les graphistes, pour que les ingénieurs rencontrent les designers, etc.
Ouverture de l’espace ensuite, puisque les réunions pourront se dérouler aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Les amphithéâtres et salles de conférences pourront accueillir jusqu’à 550 personnes et certains événements seront ouverts au public. Un espace VIP avec héliport est par ailleurs prévu pour recevoir les plus grands chefs d’entreprises, susceptibles de venir partager leur expérience avec les étudiants.
Budget total de ce projet ambitieux : entre 18 et 20 millions d’euros. Le prix de l’innovation. Avec parmi les contributeurs financiers Microsoft, Airbus Helicopter, Google et d’autres. Le permis de construire venant tout juste d’être déposé, de nombreuses étapes doivent encore être franchies avant que le campus ne soit officiellement ouvert, en septembre 2016. « Entre temps, nous avons beaucoup de questions techniques à régler, précise Corinne Vezzoni : comment ventiler le bâtiment ? Comment le chauffer ? Comment l’éclairer ? Comment traiter l’air ? Contrairement à un bâtiment classique, rien ne pourra passer par le toit, celui-ci étant en toile. »
Pendant que les architectes règlent ces détails techniques, Frédéric Chevalier, lui, entamera dès septembre 2014 un tour du monde pour présenter le projet à différents partenaires, notamment dans la Sillicon Valley, Israël ou encore l’Inde. « C’est vraiment un beau projet, conclut Corinne Vezzoni. Que son créateur décide de rester dans sa région natale pour lui donner un rayonnement international, c’est remarquable. » Quant au premier intéressé, il préfère rester dans l’ombre et n’a pas répondu à nos demandes d’interview.
*« Créé en 2007 de la volonté commune de la Chambre de Commerce et d’Industrie Marseille Provence et de l’Union patronale des Bouches-du-Rhône, le club Top 20 propose aux décideurs un espace de réflexion et d’actions pour soutenir les grands projets de développement du territoire. Sa vocation première ? Favoriser les conditions de la métropolisation.»